Impact social

Après une réflexion sur la chaîne de création de valeur sociale des Invités au Festin^® (que fait-t-on ? que produit-on ? à quoi contribue-t-on ?) qui nous a permis d’envisager nos ressources, nos activités, nos réalisations, nos résultats et nos impacts, nous avons choisi de mener une évaluation en deux temps. Dans un premier temps, nous nous sommes attachés à rendre compte des résultats de l’action (effets immédiats) des IAF^® pour évaluer l’efficacité de celle-ci. Dans un second temps, nous avons cherché à évaluer, à partir des résultats constatés, l’impact social des IAF^®, en montrant que les plus significatifs de ces résultats permettent d’envisager des changements positifs, importants et durables, changements qui contribuent à plusieurs des champs qui constituent l’utilité sociale d’une structure.

La part attribuable à la seule action de l’association peut, dans certains domaines, paraître difficile à déterminer. Face à l’impossibilité de réaliser un contrefactuel puisque nous ne pouvions disposer d’un groupe témoin ne bénéficiant pas de nos pratiques, nous avons décidé de contourner cette lacune en faisant, sur plusieurs sujets, une comparaison entre un ‟avant l’arrivée aux Invités au Festin^®” et un ‟depuis l’arrivée aux Invités au Festin^® et en centrant nos outils de collecte d’informations sur des thématiques pour lesquelles les Invités au Festin^® ont une spécificité qui rend possible l’établissement de liens de causalité directs entre les effets et les changements observés et cette spécificité.

Pour que le périmètre de notre évaluation soit réaliste au vu des ressources humaines que nous pouvions lui consacrer, nous avons focalisé notre attention sur les effets et changements concernant les bénéficiaires directs de notre action, à savoir les résidants des Maisons-Relais et les participants aux accueils de jour. Nous avons également choisi de nous limiter aux structures gérées par notre association, à savoir les deux Maisons-Relais (Les Capucines, créée en 2000 et La Lanterne, créée en 2009) avec les logements en diffus et les deux G.E.M (La Fontaine, né en 2008 d’un accueil de jour créé en 2000 et le G.E.M. Com’Tois, né en 2021 de deux accueils de jour créés à Maîche en 2018 et à Morteau en 2021). Nous avions envisagé d’inclure les bénéficiaires directs des structures gérées par les membres du réseau IAF^® mais l’objectif défini pour 2022 étant à la fois de construire les outils de collecte, de les tester, de les amender suite à cette phase de test et de mener une évaluation pour produire un rapport d’impact social, il nous a semblé plus sage d’en rester à un périmètre réduit au ‘’noyau dur’’ évoqué ci-dessus (37 résidants et 55-60 participants).

La prochaine évaluation d’impact social des Invités au Festin^®, prévue en 2024, reprendra la méthodologie et les outils conçus dans le cadre de cette étude à l’échelle locale et concernera, cette fois, le réseau IAF^® dans le cadre de la franchise sociale. Il nous a semblé intéressant de centrer notre évaluation sur ce qui, dans l’action des Invités au Festin^®, concerne le renforcement du lien social. Ce dernier étant le déterminant fondamental de la cohésion sociale, des résultats significatifs sur ce terrain constitueraient des preuves indéniables d’un impact social positif des IAF^®.

Il nous a semblé intéressant de centrer notre évaluation sur ce qui, dans l’action des Invités au Festin^®, concerne le renforcement du lien social. Ce dernier étant le déterminant fondamental de la cohésion sociale, des résultats significatifs sur ce terrain constitueraient des preuves indéniables d’un impact social positif des IAF^®.

L’essentiel des activités au travers desquelles les Invités au Festin^® s’efforcent de remplir leur mission vise à permettre aux bénéficiaires directs de leur action de vivre en citoyens et non en malades en les aidant, notamment, à développer leur pouvoir d’agir (empowerment), c’est-à-dire leur capacité de contrôle sur leur vie. L’association travaille également à favoriser le processus de rétablissement pour permettre à la personne en souffrance psychique de « […] changer ses attitudes, ses valeurs, ses sentiments, ses objectifs, ses aptitudes et ses rôles » pour « […] vivre une vie satisfaisante, remplie d’espoir et productive malgré les limites résultant de la maladie^[1]. »

L’action que mènent les Invités au Festin^® s’opère principalement par un travail sur les trois niveaux du lien social évoqués dans le rapport Lazarus-Strohl, le sanitaire, le social et le sociétal^[2], niveaux qui englobent l’ensemble des aspects du parcours de vie et de soin. En ce qui concerne le sanitaire (lien de soi à soi), nous privilégions la non-médicalisation au sein des lieux de vie afin de développer, lorsque c’est possible, l’autonomie des personnes vis-à-vis de leur santé. En ce qui concerne le social (lien de soi à l’autre), nous stimulons la personne pour qu’elle (re)découvre ses capacités relationnelles, qu’elle sache « donner de soi et recevoir de l’autre […]^[3]» et qu’elle affirme son individualité (sentiments, opinions, projets, etc.). En ce qui concerne le sociétal (lien de soi aux autres), le concept IAF^® de psychiatrie citoyenne œuvre pour la réhabilitation psychosociale des personnes accompagnées, « […] processus visant leur autonomie et leur indépendance dans la communauté^[4]. »

Nous avons choisi d’utiliser un référentiel construit à partir de critères et d’indicateurs synthétisant le travail effectué par les Invités au Festin^® autour des trois formes du lien social que nous venons d’évoquer, référentiel qui permet d’appréhender une gamme significative d’effets de l’action de l’association sur les résidants des lieux de vie et/ou les participants aux G.E.M. L’évaluation menée en 2022 a concerné les structures gérées par les Invités au Festin^® mais nous avons pris en compte notre objectif de mener, à partir de 2023, une évaluation d’impact social bisannuelle à l’échelle du réseau IAF^®, dans le cadre de la franchise sociale, et créé un référentiel adaptable à nos partenaires existants et à venir.

Nous avons envisagé l’utilisation de plusieurs dizaines de critères et d’indicateurs et avons retenu les 10 critères et les 43 indicateurs qui nous semblent pertinents pour l’évaluation de l’année 2022 et les évaluations plus amples à venir.

[1] ANTHONY W. A., ‟Recovery from mental illness”, in Psychosocial Rehabilitation Journal, 16, 4, 1993, p. 11-23. (trad.)

[2] LAZARUS A. & STROHL H., ‟Une souffrance qu’on ne peut plus cacher”, rapport du groupe de travail ‟ville, santé mentale, précarité et exclusion sociale”, février 1995.

[3] BESANÇON M.-N. & JOLIVET B., Arrêtons de marcher sur la tête ! Pour une psychiatrie citoyenne, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2009, p. 122.

[4] Ministère de la Santé, Ministère des Solidarités, Plan Psychiatrie et Santé Mentale, 2011-2015, p. 9.